Un mariage qui tourne à l’affaire politique

Un Méruvien souhaitait qu’un conseiller municipal d’opposition PS célèbre son mariage. Mais le maire UMP a rejeté sa demande.

Aujourd’hui, Jean-Augustin Dupré ne sait toujours pas qui célébrera son mariage dans la mairie de Méru, le samedi 10 juillet. Il faut dire que ce Méruvien a présenté une requête bien particulière. Il aurait aimé que son ami Hervé de Deroy, conseiller municipal PS, célèbre son mariage. Il en a fait la demande officielle par écrit au maire UMP au mois d’avril.
« Cela arrive souvent qu’un administré demande que son mariage soit célébré par tel ou tel adjoint, voire par un conseiller municipal, assure Jean-Augustin Dupré. Je ne m’attendais pas à être la victime d’un règlement de comptes politique, alors que je m’apprête à vivre l’événement le plus important de ma vie. »

Informaticien, Jean-Augustin Dupré crée et met en ligne le blog de l’opposition. Il connaît Hervé de Deroy depuis 2005. En 2008, il était également présent sur la liste menée par Hervé de Deroy, lors des municipales perdues face à Yves Leblanc, maire UMP sortant.

Ceci explique peut-être cela. Le 11 mai, le maire rejette par écrit sa demande. « Vous sollicitez une dérogation pour permettre la célébration de votre mariage par Hervé de Deroy, écrit Yves Leblanc. Après vérification des conditions posées par l’article L 2122-18 du Code général des collectivités territoriales, il apparaît qu’une telle délégation ne peut être donnée à un conseiller municipal qu’en cas d’empêchement des adjoints. (...) La municipalité de Méru veille par un système d’astreinte à prévoir la présence d’un maire adjoint afin d’assurer les obligations qui leur incombent en qualité d’officier d’état civil. » En clair, Yves Leblanc adresse une fin de non-recevoir à Jean-Augustin Dupré puisque, selon lui, il y aura forcément un adjoint d’astreinte ce 10 juillet.

Pour le Méruvien, seules des raisons politiques motivent cette décision. « Le maire me prend vraiment pour un idiot, regrette-t-il. Pour justifier sa décision, il me donne l’article de loi qui justement permet à un maire de donner l’autorisation à un conseiller municipal de célébrer un mariage. Dans le même ordre d’idée, il a interdit à une amie, employée municipale au service de l’état civil, de travailler même bénévolement le 10 juillet. Je ne m’attendais pas à ce que la politique vienne troubler mon mariage. Je ne suis qu’un militant socialiste de base. A travers moi, c’est Hervé de Deroy qu’il veut atteindre. C’est très exagéré et ce n’est pas très noble de la part d’Yves Leblanc. »

Lors de la dernière séance du conseil municipal, Jean-Augustin Dupré a distribué la photocopie des courriers échangés avec le maire. « Je tenais à informer les conseillers municipaux des pratiques en vigueur à Méru, déclare-t-il. Comme prévu, ils n’étaient pas au courant et certains m’ont même avoué que c’était un peu dur. Pour le maire, cela fait partie du jeu. Je ne suis pourtant pas un acteur majeur de la vie politique méruvienne. Mon amitié avec Hervé de Deroy ne regarde que moi. C’est ma vie privée. Quand on se marie, c’est un jour heureux où l’on devrait mettre ses querelles de côté. »

Faute de réponse, Jean-Augustin Dupré a demandé à Nathalie Ravier, adjointe à la culture de célébrer son mariage. « Il y a certains adjoints que j’aimerais éviter à cause de leur passé politique », précise-t-il.

Contacté, le maire de Méru Yves Leblanc n’a pas donné suite à notre appel.

Source : le Parisien