Pas un sou pour les Poppys

La cour d’appel de Paris a rejeté la demande de six anciens petits chanteurs d’Asnières. Ils réclamaient un million d’euros à Universal.

Le coup est rude pour les Poppys. En guerre contre Universal Music France, six anciens petits chanteurs d’Asnières ont perdu leur combat. Hier, la cour d’appel de Paris a confirmé le jugement prononcé y a deux ans par le tribunal de grande instance. Les Poppys ne toucheront donc pas les droits d’artistes interprètes qu’ils réclament au géant de l’industrie du disque, soit environ un million d’euros.

Les contrats signés en 1970 et 1976 avec Barclays, devenu Universal, sont réguliers, selon les magistrats. On ne peut reprocher à la maison de disques « aucun manquement à ses obligations contractuelles ». « C’est ce que nous disons depuis le début de l’affaire », commentait hier Nicolas Boespflug, l’avocat d’Universal.

C’est avec le président de l’Association des petits chanteurs d’Asnières, Jean Amoureux, que Barclays avait signé. Décédé à l’automne dernier à l’âge de 84 ans, il était le fondateur et manageur des Poppys, composés d’une vingtaine d’enfants âgés de à 14 ans. Dès sa création en 1970, le groupe enchaîne les succès, vend des millions de disques et multiplie les concerts. Le plus connu de leurs tubes, « Non, non, rien n’a changé », est même récompensé de deux disques d’or. Et les sommes engrangées sont versées sur le compte de l’association des petits chanteurs d’Asnières, curieusement imbriquée dans une autre association locale également présidée par Jean Amoureux.

Selon la cour d’appel de Paris, Universal a respecté ses engagements. D’autant qu’enfants et parents ne pouvaient ignorer que les droits étaient versés à l’association puisque l’argent était utilisé pour financer des vacances aux petits chanteurs. De plus, c’est une association à but non lucratif. Pas question dès lors de réclamer le moindre centime. « Universal aurait dû s’assurer que les sommes seraient versées aux chanteurs », conteste Olivier Bahougne, défenseur des huit Poppys engagés dans ce combat judiciaire depuis 1995. Cette année-là, le soliste du groupe découvre son visage d’enfant sur des affiches annonçant la sortie d’une compilation des tubes du groupe. Il demande des explications à Jean Amoureux qui n’en livre pas. Avec ses anciens compagnons, il dépose alors plainte pour « escroquerie » et « abus de confiance » contre l’ancien manageur pour savoir où sont passés leurs gains, évalués par un expert judiciaire à 175 000 € par chanteur pour la pér iode 1973-1998. La plainte contre Amoureux se termine en 2001 par un non-lieu confirmé en appel. Les Poppys attaquent alors Universal pour « omission de verser des salaires ». En vain. Après cet échec, deux des huit plaignants jetteront l’éponge. « Je suis sans voix », glissait hier Thierry Sellier, un des anciens Poppys, hier, tandis que son avocat reste « pantois ». « Je ne comprends pas. Comment peut-on considérer que l’association était à but non lucratif alors que des dizaines de concerts avaient lieu tous les ans, qu’ils ont vendu 5 millions d’albums ? » L’ultime recours des Poppys consiste à saisir la cour de cassation. Ils ont deux mois pour y réfléchir.

Source : leparisien